LES GUEULES CASSEES 14/18 HOMMAGE

Je complète mon hommage ceux de 14
Je





Merci pour ce témoignage,
Je ne trouve pas de mots pour dire ce que je ressens à la vue de ces visages. Combien de souffrances physiques et morales derrière chacune de ces photos.
La blessure au visage
Lorsqu’ 'on aura posé les armes
Et que, joyeux levant le front
Et tarissant toutes les larmes
Reviendront: ceux qui reviendront!
Les femmes d'un élan farouche
Prendront les hommes sur leur coeur
Et baiseront à pleine bouche
Celui qui reviendra vainqueur
Puis s'apaisera la joie ivre
Et l’ordre ayant donné ses lois
Il faudra se reprendre à vivre
Ainsi qu’on vivait autrefois
Or bien peu reviendront sans doute
Les mêmes qui étaient partis
Tel qui fut droit, hélas se voute
Et tel autre a les cheveux gris
Le front de celui-ci se ride
Ainsi que le front d’un vieillard
Et celui-là sa manche est vide
Et l’autre, il n’a plus de regard
Mais les femmes consolatrices
Après l’étreinte du retour
Ennobliront les cicatrices
A force de soin et d’amour
Toi qui te crois vieux jusqu'à l'âme
Ecoute dans la paix du soir
Le rire de ta jeune femme
Et ton cœur frémira d’espoir
Toi qui traine une béquille
Pour guider ton pas incertain
Le bras de quelque belle fille
Te soutiendra sur ton chemin
Toi dont l'épaule mutilée
Te rend sauvage et maladroit
Attends d’une âme consolée
Celle qui sera ton bras droit
Mais toi dont le masque effroyable
Est défiguré par l'horreur
Semblable au monstre de la fable
Dont les petits enfants ont peur
Toi qui dans la tragique fête
Au premier rang des bataillons
A su, sans détourner la tète
Recevoir le coup en plein front
Toi qui n'en est pas mort, pauvre homme
Mais à toi même hélas survis!
Toi, qui n’as su donner en somme
Que ton visage à ton pays...
L'amour se détourne à ta vue
L'amitié ralentit le pas
Et le soir de ta venue
Ton chien ne te reconnut pas!
Si tu n'as plus ta vieille mère
Ne rentre pas à la maison
Oh! Pauvre enlaidi de la guerre
Fuis, au hasard, vers l’horizon!
Fuis ta demeure et ton village
On te plaint moins qu’ hier déjà
On se détourne davantage
Et demain on t 'évitera
Mais si ta mère est à ta porte
Entre sans crainte elle t'attend!
Pourquoi trembles-tu? Que t'importe?
Elle a reconnu son enfant!
Elle t'étreint et te regarde
Et clame quelle chance j'ai..
C'est bien lui, je l'ai, je le garde
C'est mon fils, il n’a pas changé
Les Cinq" gueules cassées à Versailles
http://www.bium.univ-paris5.fr/1418/debut.htm
peinture de Otto DIX





[color=#00FF00]Le peintre s'attache ici à représenter, avec un souci inouï du détail, qu'accentue l'intensité du clair-obscur, la déshumanisation des corps : " La guerre, c'est le retour à l'animalité : la faim, les poux, la boue, ce bruit infernal... En regardant les tableaux d'autrefois, j'ai eu l'impression qu'on avait oublié un aspect de la réalité : la laideur ", indiquait Dix. Il insiste tout particulièrement sur les visages qui révèlent au mieux l'expression de la souffrance des corps.
pour approfondir le sujet, il y a bien sûr le livre de Sophie Delaporte "Gueules Cassées de la Grande Guerre" (agnès vienot éditions 2004)
ainsi que le livre de Noële Roubaud et R.N. Brehamet "le colonel Picot et les gueules cassées" (nouvelles éditions latines,1960)
sans oublier le très beau roman de Marc Dugain "la chambre des officiers" dont a été tiré un beau film du même titre.
Bonsoir a tous, tres beau poème, mais l'humain est humain et lorsque la forme n'est plus humaine l'humanité se défile, quelle souffrance pour ces personnes, ils ne leurs reste que les rêves ou les cauchemars,
Bonjour à tous,bonjour Jean Louis,
C'est tout à fait vrai et en même temps les G.C. ont su de manière admirable et en ne comptant que sur eux mêmes, se rassembler, trouver les fonds et créer une association dynamique et disposant de moyens d'accueil adaptés. Ils ont manifesté entre eux une solidarité exceptionnelle et créé une véritable fraternité dans laquelle la joie et le rire n'étaient pas exclus comme en témoigne leur devise que nous rappelle Mireille : "Sourire quand même".
Voici la copie du serment d'adieu des G.C. à leur Président; le colonel Picot.
Mon colonel,
Nous jurons de rester unis autour de votre souvenir, comme nous l'avons été autour de votre personne.
Nous jurons de rester fidèles aux principes de bonté et de fraternité que vous nous avez inculqués.
Nous jurons de faire ce que vous avez toujours fait, aider les faibles et tendre la main à tous.
Nous jurons de continuer votre oeuvre et quand nous partirons pour le même grand voyage,
nous voulons que vous nous receviez avec un sourire en nous disant que vous êtes content et fier de nous.
Malgré leur terrible handicap, les G.C. trouvaient encore en eux de quoi donner et partager ....
Bonsoir à tous,
Je me permets de vous présenter une petite et bien partielle étude sur le parcours du blessé de la face.
Le parcours du blessé de la face :
11 à 14 % des blessés de la grande guerre sont des blessés de la face.
10 000 à 15 000 de ceux-ci ont été des grands blessés.
La modernisation de l’armement, éclats d’obus, shrapnells, grenades à fragmentation, grande vitesse des balles autant d’éléments qui ont été plus destructeurs que pendant les guerres antérieures. La proximité et la relative immobilité des combattants enterrés face à face, quelques fois à seulement une vingtaine de mètres les uns des autres, dans leurs tranchées,tout cela a contribué à augmenter la gravité et l’importance des lésions des blessés de la face ainsi que leur nombre.
Le brancardier :
Le premier contact du blessé de la face était le brancardier qui devait le transporter au poste de secours et lui appliquer le premier pansement.
Sophie Delaporte rapporte dans son livre ce récit d’un brancardier :
« Il est mort, Mais cet autre non. Et c’est bien pis. Comment un éclat d’obus seul a pu faire une telle blessure ! Oh cachez cette face hideuse, cachez là. Je détourne les yeux, mais j’ai vu et je n’oublierai pas, dussé-je vivre cent ans. J’ai vu un homme qui à la place du visage avait un trou sanglant. Plus de nez, plus de joues ; tout cela avait disparu, mais une large cavité au fond de laquelle bougent les organes de l’arrière-gorge. Plus d’yeux mais des lambeaux de paupières qui pendent dans le vide. Cachez ce masque d’horreur ……et cet autre au profil de fouine dont le maxillaire inférieur a été emporté ... »
Pourtant ce brancardier emploie des termes médicaux et il devait sûrement être un jeune étudiant en médecine. Terrible et dangereux travail que celui de brancardier sur le front.
On peut penser que devant l’horreur de ces blessures de nombreux blessés de la face n’ont été relevés que très tardivement, ou même laissés pour mort.
Cela a été le cas d’Albert JUGON qui sera l’un des pères fondateurs des G. C.
Ayant eu la moitié de la figure emportée, un œil crevé, les maxillaires fracassés, il reçut l’absolution et demanda à être emporté en dernier.
Ceci nous permet aussi de remarquer dès maintenant la différence importante entre l’aspect abominable de la blessure et son taux de mortalité. Car les blessés de la face avaient souvent de grandes chances de survivre. Les deux complications immédiates les plus redoutables étaient l’hémorragie ( artère linguale ) ou l’étouffement par obstruction des voies aériennes.( rupture des attaches de la langue , chute d’un corps étranger dans la trachée.). Au début du conflit, nombre de blessés de la face arrivent à l’arrière avec une trachéotomie et aucun trachéotomisé ne survécut . Puis,la prise en charge et le transport s’améliorèrent.
Par contre, les retards dans le transport et dans l’application des premiers soins avaient comme conséquences toute une série de complications secondaires qui seront d’autant plus longues et difficiles à traiter que le délai initial sera plus long.
Au poste de secours :
C’est la phase nettoyage, désinfection, premier véritable pansement.Au début les chirurgiens et les médecins ont eu tendance à vouloir enlever les lambeaux, à débrider, drainer, régulariser puis sur la demande de leurs confrères de l’arrière spécialisés dans ce type de chirurgie reconstructrice, il leur a été demandé d’en faire le moins possible, d’être le plus conservateur possible pour ne pas compromettre la future reconstruction.
La aussi, du moins au début, nombre de blessés de la face furent mis de côté et placés avec les cas désespérés et donc évacués très tardivement.
Sophie Delaporte rappelle que le Docteur Tuffier rapporte que sur un échantillon de 20 blessés de la face, le délai moyen entre la date de la blessure et l’arrivée à l’ambulance était de 42 jours.
A l’ambulance :
Ce n’est qu’en 1918 que les ambulances furent renforcées par du personnel spécialisé en chirurgie maxillo-faciale.
Pour les mutilations faciales, l’infection est la règle compliquée par des écoulements salivaires importants. Il fallait donc laver, irriguer ces blessures, changer toutes les deux heures environ les pansements car les plaies faciales se réinfectent facilement.
Par contre aucun cas de gangrène gazeuse n’a jamais été observé pour aucun de ces blessés. Ceci étant dû à la qualité de la vascularisation de la face et au fait que ces blessures étaient largement ouvertes.
Vers le 12 ème jour les tissus avaient tendance à se cicatriser mais devenait durs et cassants en formant des travées fibreuses qui nécessitait l’intervention des masseurs de l’époque.
Souvent des cicatrices vicieuses se constituaient et retardaient considérablement la guérison et la récupération de la mastication.
Le centre spécialisé de l’arrière :
Enfin notre malheureux piou-piou arrive au centre spécialisé de l’arrière.
Ce n’est qu’à partir de 1916 que furent vraiment opérationnels ces centres spécialisés.
La chirurgie restauratrice procéda par étapes successives et progressa lentement car il fallait innover et trouver de nouveaux moyens pour traiter ce type de blessés.
Les deux complications fonctionnelles les plus redoutables étaient la pseudarthrose, absence de consolidation des fractures des mâchoires et la constriction des mâchoires, une forme de contraction permanente des muscles. Les deux rendaient la mastication et une alimentation normale impossible.
Petit à petit, les chirurgiens firent de remarquables progrès et la mise au point de la greffe ostéopériostique de Dr Delagenière fut certainement le plus notable. En simplifiant on peut dire qu’elle consiste à prélever un morceau d’os ( greffon ) sur le tibia du patient pour servir à reconstituer les mâchoires.
Les techniques de greffe cutanées évoluèrent aussi jusqu’à la remarquable autoplastie de Defourmantel. ( auto-greffe )
Mais beaucoup de ces malheureux gardaient des séquelles fonctionnelles et esthétiques et bien sur psychologiques très importantes.
Les blessés qui présentaient des mutilations faciales non-réparables ou totales devaient porter des prothèses, des postiches, des masques et certains continuèrent à dissimuler toute leur vie leur mutilation par des pansements. Ceux-ci étaient certes très visibles mais parfois préférables à une prothèse qui comme le faisait remarquer un des médecins spécialistes de l’époque « ajoute le ridicule à l’horreur »
Les blessés de la face étaient soumis à des traitements à répétition et à de très nombreuses interventions. La reconstruction d’un visage demandait en moyenne deux ans de traitement et parfois jusqu'à quatre ans et plus.
Puis venait la difficile ou impossible réinsertion dans la famille ou dans la société.
Conclusion :
Cinq mutilés de la face furent placés près de la table ou devait être signé le traité de Versailles. Il s'agissait d'impressionner les plénipotentiaires et l'effet escompté fut obtenu. L'assemblée connut un moment de très vive émotion. Le Tigre lui même tint à venir leur serrer la main et leur dit " Vous étiez dans un mauvais coin, cela se voit" Des larmes coulaient alors de ses yeux que l'on disait froids et insensibles...
Ce court texte n’est qu’un petit résumé présentant le parcours du blessé de la face depuis le champ de bataille jusqu’au centre spécialisé.
Il est forcément partiel et très incomplet et bien d’autres aspects sont à étudier dans ce domaine.







La Vie des martyrs
chirurgien, engagé volontaire, Georges Duhamel lors de la Première Guerre mondiale,
ce roman préfigure le suivant
Civilisation pour lequel son auteur obtiendra le Prix Goncourt en 1918.
