C’est vraiment un des films qui a marqué mon adolescence ..
Avec un Fresnay magistralet un Erich von Stroheim hypnotisant, trait accentué par sa minerve.
De plus tourné au chateau du haut Haut-Kœnigsbourg
château mythique de mon enfance …mais c’est une autre histoire
Voila donc un des films cultes de mon panthéon (no il n'est pas décousu)....contre meusure
désolé Elvis de te couper l’herbe sous les pieds…mais je ne pouvais plus me retenir
Un des plus grands chefs d’œuvre du cinéma français aux dialogues et aux interprètes inoubliables
une œuvre où palpite le génie, drame poignant et chant d’amour dans l’humanité.
Jusque vers 1970, il était toujours dans la liste des 10 meilleurs films de tous les temps.
Pendant la Première Guerre mondiale, l'avion du lieutenant Maréchal et du capitaine de Boëldieu est abattu par le commandant von Rauffenstein, un aristocrate connaissant par hasard la famille du capitaine de Boëldieu. Les deux officiers français sont envoyés dans un camp en Allemagne. Là, ils retrouvent de nombreux prisonniers français, de tous grades et issus de différents milieux sociaux. Ensemble, les prisonniers organisent différentes activités, partagent leurs maigres ressources et vivent au rythme des nouvelles de l'armée française qui prend et perd successivement des positions sur le front nord, notamment lors de la bataille de Douaumont. La chambrée, outre Maréchal et Boëldieu, regroupe également le lieutenant Demolder un amoureux des lettres, le lieutenant Rosenthal, fils d'une riche famille juive dans les finances, un ingénieur du cadastre et Cartier, un sergent populaire et volubile. Ils décident de s'échapper du Lager en creusant un tunnel dans des conditions périlleuses. La veille de leur évasion, le sort veut qu'ils soient transférés dans un autre camp.
Les mois passent. Maréchal et Boëldieu après diverses tentatives d'évasion avortées sont transférés dans un ultime camp fortifié en montagne, où ils ont la surprise de découvrir qu'il est dirigé par von Rauffenstein, maintenant infirme après une grave blessure et inapte au service actif. Ils retrouvent également, par hasard Rosenthal. Les deux officiers aristocrates se respectent et fraternisent plus ou moins, ayant en commun leur milieu et leur éducation, sous le regard de Maréchal l'ouvrier et de Rosenthal le fils de banquier juif. Poursuivant leur projet d'évasion, Maréchal et Boëldieu montent un stratagème raffiné pour s'échapper, mais un certain honneur personnel vis-à-vis à la fois de von Rauffenstein et Maréchal, pousse Boëldieu à se sacrifier pour couvrir la fuite de Maréchal et Rosenthal. L'évasion des deux compères réussit, mais Boëldieu est abattu par accident par von Rauffenstein, forcé de tirer sur celui qui était devenu presque un ami.
Dans leur fuite vers la Suisse à travers la campagne allemande, dans le froid et la neige, affamés et épuisés, Maréchal et Rosenthal sont accueillis dans une petite ferme allemande, où tous les hommes sont morts à la guerre, par Elsa, une jeune fermière, qui élève désormais seule sa fille et mène au mieux l'exploitation. Rosenthal et Maréchal décident de passer quelques semaines là pour reprendre des forces et attendre de meilleurs jours pour reprendre leur route. Maréchal tombe amoureux d'Elsa, laquelle revit par la présence des pas d'un homme dans sa maison. Le soir de Noël, ils passent la nuit ensemble. Le jour du départ arrive, Maréchal avec Rosenthal reprend sa route vers la Suisse, tout en promettant à Elsa de revenir après la guerre, s'il vit encore. Ensemble, ils franchissent finalement la frontière suisse.
En parlant de son scénariste Charles Spaak, Renoir déclare : « Aux liens de notre amitié s’ajouta celle de notre foi commune dans l’égalité et la fraternité des hommes ». Tourné alors que l’ombre d’un nouveau conflit mondial vient à nouveau assombrir l’Europe, La Grande illusion est une œuvre d’une humanité confondante dont le constat est souvent amer. Optimiste, Renoir, qui au sein de ce camp et au travers des relations qui se nouent entre Boieldieu et von Rauffenstein, abolit les frontières dressées entre les hommes. Pessimiste lorsqu’il nous montre que ces barrières sont en fait sociales, qu’il y a un fossé entre Boieldieu et Maréchal (Jean Gabin) que même la fraternité ne peut complètement effacer. Dans ce film, Renoir est plein d’espoir en l’homme, il a foi en chaque individu. C’est la société, elle, qui porte tous les maux, qui pousse les hommes à s’affronter et à se haïr. Peut-être au final Maréchal et Boieldieu sont-ils séparés non pas autant par leur appartenance à deux classes distinctes, mais par deux conceptions différentes de la guerre, ou plutôt deux manières de surmonter son absurdité. Boieldieu et von Rauffenstein font partie d’un monde qui s’éteint, croyant dans une chevalerie imaginaire des faits d’armes. Maréchal fait partie du peuple qui veut croire au devoir patriotique, défendre la nation et la démocratie pour laquelle leurs ancêtres ont versé leur sang.
Renoir, avec La Marseillaise notamment, croit sincèrement en la légitimité des guerres de libération et combattant en 14/18 dans l’aviation, est également animé par cette chevalerie incarnée par les deux aristocrates du film. Renoir donne la parole aux deux camps, aux différentes couches sociales, aux idéaux qui diffèrent. Il ne décrit que des actes justes, des hommes intègres et fraternels, nous emportant dans une ronde humaine qui nous étreint profondément le cœur. Le cinéaste nous offre également un spectacle d’une rare intelligence. D’abord récit de prison comprenant nombre de personnages hauts en couleur, le film se resserre sur quelques individus emblématiques, prisonniers d’un nid d’aigle, sombre forteresse qui appelle le drame. Puis, dans la blancheur éclatante de l’hiver, ce sont trois individus qui vont cristalliser les enjeux du film tout entier. Ce récit à trois temps s’approche comme dans un lent travelling avant (figure que Renoir utilise à merveille) de l’individu. C’est à la fois un récit d’évasion palpitant et une aventure humaine sans équivalent, servie par la mise en scène de Renoir, véritablement au sommet de son art. Un des plus grands chefs d’œuvre du cinéma français aux dialogues et aux interprètes inoubliables, une œuvre où palpite le génie, drame poignant et chant d’amour dans l’humanité.
Histoires dans l histoire
Lors de sa présentation publique, le film fut amputé de 18 minutes, il ne fut projeté en version complète qu'au cours d'un festival organisé à Bruxelles en 1958.
Au lendemain de la première au cinéma Marivaux, le film a été projeté sans interruption de 10 heures à 2 heures du matin.
Le film a fait salle comble à chaque séance et a battu tous les records de fréquentation :
1,55 million de francs en quatre semaines, 200 000 spectateurs en deux mois dans une seule salle, meilleure recette de l'année 1937.
Le film fut projeté exceptionnellement à la Maison-Blanche à Washington pour l'anniversaire de Mme Roosevelt.
Le film est resté trente-six semaines à l'affiche d'une salle new-yorkaise.
Jusque vers 1970, il était toujours dans la liste des 10 meilleurs films de tous les temps.
Souvent cité dans les films les plus importants du cinéma mondial
il fait partie des rares films entrés dans les collections permanentes du Museum of Modern Art de New York2.
Ce film fut interdit en Allemagne par le régime nazi et en France par les autorités d’occupation le 1er octobre 1940
En raison de l'esprit pacifiste, revendiqué par Jean Renoir, et de l'idée de fraternisation entre les peuples
ce film fut interdit en France et dans l'Europe occupée pendant la Seconde Guerre
Il semblerait que Benito Mussolini, qui, en privé, appréciait le film et en aurait possédé une copie
serait intervenu pour écarter le film de la récompense suprême de l'exposition internationale d'art cinématographique de Venise.
Son régime allait interdire l'œuvre dès octobre.
Adolf Hitler, qui regardait beaucoup de films, le jugea très bon mais le fit interdire pour les mêmes raisons que la censure françaiseson
esprit pacifiste très persuasif.
Il essaya d'en faire détruire copies et négatifs, mais en vain.
La cinémathèque de Toulouse a récupéré le négatif original du film dans les années 1970 auprès des archives du film soviétiques.
Ce négatif avait vraisemblablement été récupéré à Berlin en 1945 par les soviétiques. C'est ce négatif qui a permis de mettre au point une version restaurée du film en 2012